Quand j’étais jeune enfant, mon professeur de piano disait souvent que « le silence chez Mozart, c’est encore du Mozart. »
Je trouvais cette phrase banale car je pouvais dire la même chose pour Schumann, Bach, Beethoven etc…
Un jour, plusieurs années plus tard, j’ai pris connaissance de la citation exacte de Sacha Guitry qui a un autre sens:
« Ô privilège du génie ! Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence
qui lui succède est encore de lui. »
Tout prenait alors un autre sens et il m’est apparu curieux que personne n’ait ensuite discuté ce fait et que ce rapport au silence où s’abîment les derniers sons ne soit attribué qu’à la musique de Mozart.
C’est aujourd’hui pour moi un fait, que plus que pour tout autre compositeur, la musique de Mozart puisse apparaître comme une extraordinaire entreprise d’articulation du vide où l’équilibre semble toujours compromis, à la limite de la chute. De là vient sa force intérieure, qui avance, sans cesse avec une rare puissance interrogeant le monde qui l’entoure et où il vit.
La perception que j’ai de Mozart n’est pas celle d’une élégance un peu irréelle, mais celle d’un combattant furieux enragé contre la misère du monde et sa dureté. Une lutte pour la beauté !
En d’autres termes, l’humanité de Mozart – (il parlait plusieurs langues, a parcouru l’Europe, a rencontré les personnes les plus différentes qui soient, a directement connu une variété extrême d’esthétiques artistiques hors de l’art musical) – témoigne d’une force intérieure quasi inexplicable qui contredit l’image idiote d’un génie « divin » hors du monde…….
Par sa vie même, il est ce monde !!!
De là procède ce que l’on pourrait nommer « La leçon Mozartienne ».
Pour percevoir et traduire la rumeur du monde, il faut d’abord affronter son silence.
La justesse d’un cri provient du silence le plus habité et je me souviens de cette phrase de Joé Bousquet: « il faut du silence pour entendre le bruit de la pluie ».
Dans ma courte pièce, l’écriture des sons électroniques enregistrés sur support, interagit comme un stimulus permanent à la plasticité parfois violente, avec l’écriture du piano. Pas de rituel « concertant » dans ce rapport, mais opposition et parfois fusion. Les deux mondes cohabitent, s’interrogent en un rapport « corps à corps », respectueux mais sans concession. In fine, après un cri commun, ils se sépareront, »traduits du silence », dans la spirale d’un son ascendant paradoxal, cher à Jean Claude Risset.
Deutsch
Als Kind hörte ich oft meinen Klavierlehrer sagen: „le silence chez Mozart, c‘est encore du Mozart.“
Damals schien mir dieser Satz nicht außergewöhnlich, denn ich hätte das Gleiche über Schumann, Bach, Beethoven usw. sagen können.Eines Tages, viele Jahre später, entdeckte ich das genaue Zitat von Sacha Guitry, das eine andere Bedeutung hat:„Ô privilège du génie! Wenn man gerade ein Stück von Mozart gehört hat, ist die Stille, die darauf folgt, immer noch von ihm.“Alles nahm dann eine andere Bedeutung an, und es erschien mir seltsam, dass niemand später über dieses Phänomen sprach und dass diese Beziehung zur Stille, in der die letzten Töne verwehen, einzig der Musik von Mozart zugeschrieben wird.Heute ist es für mich eine Tatsache, dass Mozarts Musik – mehr als die jedes anderen Komponisten – wie ein außergewöhnliches Unterfangen wirkt, das Leere artikuliert, wobei das Gleichgewicht stets gefährdet scheint, am Rande des Absturzes. Daraus erwächst ihre innere Stärke, die unaufhörlich mit einer seltenen Kraft voranschreitet und die Welt, die sie umgibt und in der sie lebt, hinterfragt.Die Wahrnehmung, die ich von Mozart habe, ist nicht die einer etwas unwirklichen Eleganz, sondern die eines wütenden Kämpfers, der gegen das Elend der Welt und ihre Härte ankämpft.
Ein Kampf um die Schönheit!
Anders ausgedrückt: Mozarts Menschlichkeit – er sprach mehrere Sprachen, bereiste Europa, traf die unterschiedlichsten Menschen, erlebte direkt eine extreme Vielfalt künstlerischer Ästhetiken außerhalb der Musik – zeugt von einer nahezu unerklärlichen inneren Kraft, die dem naiven Bild eines „göttlichen“ Genies, das über der Welt steht, widerspricht.Par sa vie même, il est ce monde!!!
Daraus ergibt sich, was man die „Mozartsche Lektion“ nennen könnte:Um das Rauschen der Welt zu erfassen und zu übertragen, muss man zuerst ihrer Stille begegnen.
Die Wahrhaftigkeit eines Schreis entspringt der tiefsten Stille, und ich erinnere mich an diesen Satz von Joé Bousquet: „Es braucht Stille, um das Geräusch des Regens zu hören.“In meinem kurzen Werk interagieren die auf Tonträger aufgenommenen elektronischen Klänge als permanenter Impuls mit der manchmal rauen Plastizität der Klavierstimme
Henry Fourès